Et si la révolution anthropologique tant décriée par certains était la meilleure chose qui puisse arriver aux femmes, entre égalité des choix et amour.
On demande systématiquement à une femme de se justifier sur son désir ou non d’avoir des enfants, comme si contrarier un destin biologique entendu et scellé dans son corps était une faute.
Dès le plus jeune âge pourtant, la petite fille est conditionnée à jouer un rôle de mère : on lui confie une jolie poupée bébé avant même qu’elle ne sache marcher. On pousse la sophistication jusqu’à produire des poupons joufflus qui pleurent, se soulagent, reçoivent le biberon, se font habiller, changer, appellent maman….
A ces mêmes femmes, la société va reprocher de ne pas avoir succombé à la manipulation ou de désirer un enfant mais … trop tôt, trop tard ou pas de la bonne manière.
Cette injonction à la maternité supporte mal le désir de réappropriation des corps jusque dans l’intimité et la maîtrise réelle de la procréation : quand je veux, avec qui je veux et si je veux. Cela contrarie la pensée acquise d’un modèle sociétal unique tourné autour d’un cellule familiale nucléaire. Cela suppose d’admettre qu’une femme puisse parfois juste vouloir enfanter pour satisfaire un projet parental personnel et réfléchi. Et cela implique aussi d’accepter qu’une femme puisse ne pas vouloir se plier à une destinée procréatrice qu’elle rejette.
Cette révolution anthropologique n’est pas effrayante, elle est libératrice pour la femme.
Le scénario de la jeune femme en couple hétérosexuel qui enfante pour respecter l’ordre des choses est une réalité, celle à laquelle aspire de nombreuses femmes. C’est un idéal tout aussi respectable que celui de celle qui décide en toute conscience d’attendre, ou de celle qui souhaite emprunter des chemins de traverse, par conviction ou pas.
La révolution anthropologique que les femmes connaissent depuis le jour où elles ont obtenu le droit de prendre la pilule se poursuit aujourd’hui. Elle se traduit par une égalité de choix et l’admission enfin que différents modèles familiaux existent et cohabitent avec d’autres familles plus traditionnelles. Toutes ces familles sont réunies autour du même désir et de la même volonté de donner de l’amour à un enfant, l’élever, le protéger et en faire un être équilibré et sain.
Alors, que la société cesse de montrer du doigt :
– La femme qui est certaine de ne jamais vouloir enfanter et qui va jusqu’à solliciter une stérilisation volontaire,
– La femme qui souhaite fonder une famille avec sa compagne et bénéficier des avancées de la science pour se faire
– La femme qui hors de tout couple souhaite pourtant répondre à l’appel de la maternité – ce à quoi on la prépare dès le plus jeune âge finalement.
Cette dernière, qui plus est, célibataire, doit en outre supporter les soupçons les plus humiliants sur ce qui se passe dans son entrejamble. Elle devra s’expliquer, répéter, rassurer autrui dans la projection de ses propres peurs.
Et malheur à celle qui n’a jamais éprouvé le désir de partager sa couche. Malheur à celle qui n’envisage pas de composer une « vraie » famille une fois la lutte contre l’horloge biologique vaincue et l’enfant présent. Malheur à celle qui vile traîtresse cherche à sortir d’un statut qui l’étouffe.
Chaque femme, quelle qu’elle soit est confrontée à la critique de sa vie utérine, de ce qu’elle souhaite en faire.
Cette révolution anthropologique est une révolution dans la construction de la famille
Dans une société patriarcale héritière des enseignements d’Aristote et de sa vision surannée de la femme, osons faire bouger les lignes et créer des familles basées avant tout sur l’amour, les interactions heureuses et non sur une norme fictive et dont certaines femmes ne se retrouvent pas.
Qu’elle soit seule ou en couple, le désir d’enfant de la femme demeure pluriel. En cela, il diffère d’une femme à l’autre. En toute circonstance pour une femme, ce désir peut venir combler une blessure névrotique ou être un véritable choix d’amour. Chacune le construit avec son histoire, des motivations parfois inconscientes, ses aspirations. Et chacune constituera l’entité qu’elle souhaite en fonction de sa conception de la vie ou de ses sentiments.
C’est en cela que l’on peut s’enorgueillir de vivre une véritable révolution dans la construction de la famille, une bouleversement anthropologique heureux, un contrôle réel de la procréation, des corps et enfin un choix ouvert et offert à tous et à toutes de vivre ou non la parentalité.
Cette diversité ne doit plus être niée, ni être vue au travers du prisme d’une éventuelle décadence ou permissivité.
Que le droit de répondre à ce désir narcissique de se reproduire ne soit pas l’apanage du couple hétérosexuel cisgenre, puisqu’il n’est plus la seule entité familiale existante et que toute cellule autre est légitime.
C’est ce que prouve chaque jour chacune des femmes au sein de Mam’ensolo, dont les rires des enfants couvrent parfaitement le bruit des marcheurs de ce 10 octobre 2020