Ensemble

Ensemble !

Nos origines diverses peuvent nous faire croire à des trajectoires ou des destins différents, et donc à une relative sécurité face aux enjeux des élections à venir. Nous devons pourtant être conscientes qu’aucune de nous n’est réellement à l’abri. Faire communauté nous rappelle que, bien que différentes, nos histoires mêlées se rejoignent en un point de convergence, un désir similaire qui constitue une force.

Faire communauté, ce n’est pas uniquement partager un bout de quiche lors d’un pique-nique. C’est aussi se soutenir, se protéger. Se souvenir que nos utérus, considérés comme utilisés à mauvais escient, comme détournés honteusement de leur fonction et/ou de leur genre originel, font de nous des cibles.

Mam’ensolo est apartisane, mais elle ne peut être apolitique. Nous discutons régulièrement avec les autorités pour faire valoir nos droits en tant qu’interlocutrice unique des solos par choix. Nous avons donc aussi la possibilité d’entrer en résistance, en tant que sujet politique constamment soumis à la violence des mots, des lois et bientôt des actes. Les décisions prises chaque jour en Europe par l’extrême droite influent sur l’existence de nos semblables et remettent en cause la légitimité de toutes nos familles.

D’ailleurs, pour être concrètes, la dissolution de l’Assemblée Nationale a mis un coup d’arrêt à toutes les discussions que nous avions entamées. Une autre réalité, la promesse faite le 29 mars dernier concernant le CMG tant attendu par les soloparentes d’enfants de plus de 6 ans, n’engagera nullement la prochaine équipe. Cette mesure est pourtant synonyme d’équilibre budgétaire et d’organisation sereine du travail. Cette dissolution vient également mettre un terme aux liens tissés avec des parlementaires avec qui nous étions prêtes à échanger.

Devant qui allons-nous pouvoir nous asseoir désormais, sachant que nos existences sont niées par ceux et celles qui briguent la prochaine législature ?

Depuis dimanche soir, les cartes sont donc rebattues. Tous les espoirs sont désormais, au mieux, en suspens, au pire, éteints.

C’est aussi dans ces instants que le faire-communauté est utile, malgré la honte, malgré la peur. Trouver notre communauté, pouvoir s’ancrer dans ce cocon et faire l’expérience quotidienne d’une sororité protectrice. La bienveillance et l’écoute que nous offre la communauté, au bout du fil, au fil des doigts, doivent être maintenues. Cette possibilité de se réjouir des bonheurs mutuels, des rires partagés de nos enfants est une richesse. Cette joie de caresser ensemble les rêves de celles qui nous suivent est une chance. La capacité de se projeter vers un horizon où nos existences ne seront pas questionnées, se réapproprier nos corps est une nécessité. Ne laisser personne remettre en cause les acquis – même imparfaits – de ces dernières années est un devoir. Faire communauté est le meilleur rempart contre cette chute annoncée. Faire communauté ensemble pour que tout cela ne soit pas compromis.

Face au cynisme dont semble faire preuve le Président de la République, nous devons donc nous mobiliser. Nous devons rappeler à celles et ceux qui hésitent de ne pas céder aux sirènes de cette extrême susceptible de nous plonger dans des abîmes nauséabonds.

C’est une réalité à laquelle certaines pensent pouvoir échapper ou que certaines pensent vouloir accepter, aveuglées par le flou d’une existence précarisée dont serait responsable l’autre.

Sauf que l’autre, c’est moi, c’est nous toutes.

L’indifférence ne sauvera personne. L’impact se répandra sur toutes à différents niveaux.

Doit-on accepter ce pari sur l’avenir pour satisfaire de basses stratégies politiques ?

Pour rappel, l’entité qui nous guette a été créée par un ancien de la Waffen-SS et un de ses compagnons de lutte, notoirement négationniste.

Malgré un toilettage cosmétique, nous ne pouvons fermer les yeux face à celle qui a voté majoritairement contre nos droits lors de la dernière loi de bioéthique. Une entité qui s’est fondamentalement opposée aux droits des femmes, partout où elle a pu passer.

Et souvenons-nous que Mam’ensolo est composée de plusieurs personnes détestées par cette entité, à savoir des personnes racisées, des queers, des handicapées, des personnes pauvres et surtout des personnes ayant décidé d’être libres de disposer de leur corps.

Je suis l’une d’entre elles, racisée, et j’ai aussi choisi de faire un enfant en dehors du cadre traditionnel. Je ne peux parier nos vies et celles de nos enfants face à une entité qui nous considère comme des nuisibles.

En tant qu’alliée de toutes mes adelphes queers présentes dans nos rangs, je ne peux oublier qu’il y a 80 ans, certain.e.s d’entre elleux ont été envoyé.e.s dans des camps pour être qui iels étaient.

Le 9 juin dernier, nous avons voté pour un nouveau bureau dans l’idée de poursuivre les missions de l’association. L’une de ces missions est de permettre l’existence de nos familles. Faisons communauté, faisons bloc et protégeons-nous toutes ensemble contre l’extrême droite.

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